Süvy : que vaut ce nouveau substitut au sucre ? L'avis (non édulcoré) de notre experte

en collaboration avec Julie Boët diététicienne-nutritionniste

Depuis peu, un substitut au sucre innovant, à faible indice glycémique et adapté aux diabétiques semble se distinguer dans la grande famille des édulcorants. Une raison suffisante pour en consommer sans compter ? La réponse tranchée de notre experte.

Alors que tout le monde ou presque fait la chasse au sucre, un nouvel édulcorant - baptisé "Süvy" - semble séduire de plus en plus de gourmands soucieux de leur santé. Mais ce substitut est-il dénué de tout risque ? Julie Boët, diététicienne-nutritionniste, nous dévoile ses avantages et ses inconvénients.

Le sucre, un ingrédient de notre quotidien

Le sucre occupe une place centrale dans notre alimentation. Présent naturellement dans les fruits, le miel ou le lait, il a également envahi les produits transformés sous des formes multiples (saccharose, glucose, sirop de maïs, fructose…). Des raisons suffisantes pour le bannir ? Pas totalement, précise notre experte en nutrition.

"Consommé en quantité modérée, le sucre n’est pas en soi un poison : il constitue une source d’énergie rapidement disponible pour nos muscles et notre cerveau, il participe au plaisir gustatif et joue un rôle social et culturel dans la gastronomie. Le problème survient lorsque les apports dépassent largement les besoins, ce qui est le cas dans notre société. Une consommation excessive favorise la prise de poids, l’apparition de diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, les troubles hépatiques ou encore les caries dentaires. Elle perturbe également le microbioteintestinal et entretient une appétence accrue pour les saveurs sucrées, créant un cercle vicieux difficile à rompre", affirme-t-elle.

Face à ces risques, de nombreuses alternatives au sucre ont vu le jour. Les édulcorants dits "intenses", comme la saccharine, l’aspartame ou la stévia, apportent un goût sucré pour un apport calorique quasi nul. D’autres, comme les polyols (érythritol, xylitol, sorbitol), imitent la texture du sucre avec un impact glycémique très limité.

"Ces solutions ont des avantages indéniables : elles permettent de réduire la charge calorique et de limiter les pics de glycémie - un point non négligeable pour les personnes diabétiques. Elles n’entraînent pas non plus de caries, ce qui est un gros plus pour notre santé bucco-dentaire. Mais tout n’est pas si simple : certains édulcorants provoquent des ballonnements et un inconfort digestif, d’autres laissent un arrière-goût, et des études récentes soulèvent des interrogations sur les effets à long terme, notamment pour l’érythritol, suspecté d’être associé à un risque cardiovasculaire accru dans certains travaux observationnels", prévient Julie Boët.

Dans ce contexte, un édulcorant ultra-naturel et bien toléré par l'organisme semble se démarquer dans les rayons.

Un substitut au sucre issu de la fermentation de fruits

Roulements de tambour... Il s'agit de "Süvy", un substitut au sucre fabriqué par les laboratoires Innovi qui offre "un goût strictement équivalent à celui du sucre, sans aucune note résiduelle, ni arrière-goût métallique ou végétal". Son plus gros avantage ? Il est 100% naturel, car composé de polydextrose (une fibre issue de végétaux) et de sucres végétaux fermentés (issus des fruits ou du maïs fermentés par un micro-organisme rare - Moniliella pollinis).

Cette combinaison permet d’obtenir un produit présenté comme non calorique, à indice glycémique nul, non cariogène, et capable de se comporter comme du sucre en cuisine.

"Ses avantages potentiels sont donc multiples", affirme Julie Boët. "Pour les personnes diabétiques, Süvy pourrait constituer une alternative intéressante, car il ne provoque pas de pic glycémique mesurable. L’érythritol est en outre reconnu par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) comme n’ayant pas d’impact sur la glycémie ni sur l’insulinémie. L’ajout de polydextrose peut même avoir un effet prébiotique en favorisant la production d’acides gras à chaîne courte bénéfiques au microbiote intestinal", reconnaît l'experte.

D’un point de vue pratique, Süvy se distingue des autres édulcorants par sa polyvalence en cuisine : "il reproduit non seulement le goût, mais aussi la texture et les propriétés fonctionnelles du sucre, ce qui permet de l’utiliser dans la pâtisserie sans les contraintes habituelles des édulcorants classiques", affirme la diététicienne.

Quelques désagréments restent possibles

S'il présente de nombreuses qualités, cet substitut présente aussi quelques limites.

"Comme tout polyol, l’érythritol peut provoquer, à fortes doses, des inconforts digestifs tels que des ballonnements ou diarrhées, même si sa tolérance est meilleure que celle d’autres sucres-alcools. Le polydextrose, en tant que fibre fermentescible, peut également entraîner des gaz chez les personnes sensibles ou souffrant de troubles digestifs chroniques comme le syndrome de l’intestin irritable", révèle la praticienne.

Par ailleurs, même si la marque affirme que des "études cliniques sont en cours", il n’existe pour l’instant que peu de données scientifiques associées à ce produit en particulier.

Alors, faut-il adopter (ou non) Süvy ?

"Pour une personne diabétique ou cherchant à réduire son apport en sucre, ce sucrant peut constituer une alternative prometteuse à condition de rester vigilant sur les quantités consommées. Il ne représente pas un danger à faible dose, mais il ne doit pas non plus devenir un prétexte à consommer davantage de produits sucrés. Le goût du sucre, même sans ses calories, entretient le besoin de sucré, ce qui peut nuire aux efforts de diversification alimentaire et à l’éducation du palais", conclut Julie Boët.